"Le Chaperon Louche" de Sarkis Tcheumlekdjian : le méchant loup n'existe pas

À voir si : vous avez le cœur léger et passionné

Du 5 au 27 juillet 2019 à 13h10
au Festival OFF d’Avignon
au Théâtre Buffon

© F. Dumas

© F. Dumas


“Que les contes sont cruels pour les loups”

Le Chaperon Louche, L’Itinéraire d’un enfant perdu, Sarkis Tcheumlekdjian


Entre féerie de marionnettes et masques de Commedia dell’arte, le ravissant spectacle de la Compagnie Premier Acte revisite avec beaucoup d’à-propos le conte légendaire du Petit Chaperon Rouge. Une fable des temps modernes qui en appelle joliment à la tolérance.

Dans une clairière bruissante digne du « Blanche-Neige » de Walt Disney, un petit être apeuré est recroquevillé sur une valise. Il a l’air d’un vagabond. Quand une sorte de petit Chaperon Rouge tombe sur lui, la magie de la rencontre fait effet et le conte - ainsi revisité - peut commencer…

L’auteur et metteur en scène Sarkis Tcheumlekdjian a écrit et produit un petit bijou de conte théâtral où le “Il était une fois” engagé et tolérant aurait vocation à bercer tous les enfants du monde.
— Apartés

Un spectacle visuel qui touche notre âme d’enfant et ouvre tous les regards



Sur la scène de ce conte d’un nouveau genre, le Méchant Loup a un air de loubard rock, vêtu d’une veste en cuir datée, de chaussons de danse troués et d’une casquette gavroche vissée sur une chevelure brune abondamment frisée. Le Chaperon Rouge, de son côté, a un air de fraise des bois que le Loup aurait sûrement envie de dévorer si l’on était dans l’histoire originale. Mais ici, il a plutôt envie de l’aimer et elle n’en a pas peur du tout. Ce sera pour son bien, cette fois-ci, puisque “Le Chaperon Louche” troque la prudence et la peur contre l’ouverture à l’Autre. La petite Charlotte et le petit Loupchik font connaissance et se rebaptisent mutuellement : ce sera le “Petit Chaperon Louche” car la petite fille devrait avoir peur « comme dans le conte » et un affectueux “Loulou Le Loup” pour le jeune garçon isolé et malheureux recherchant affection et tendresse. Empruntant habilement au conte originel pour créer une fable adaptée aux urgences actuelles concernant les migrants, la pièce dessine son chemin avec beaucoup de tendresse, de drôlerie et d’inventivité. La douce naïveté associée aux spectacles de marionnettes capte l’attention des enfants qui comprendront alors qu’il faut aller au-delà des apparences quand l’adulte discernera en contraste toute la cruauté de la situation des exilés. Une très belle idée.

Des interprétations magiques

Masquées et rythmées par des bruitages, ces marionnettes (vivantes) épatent. Le jeu est savamment orchestré, les regards aussi mobiles que les billes d’une poupée animée et la féerie ne peut qu’opérer. On aime l’acuité des expressions “jeunes” du délinquant présumé (superbe Claude Leprêtre) et la fraîcheur de la petite fille intriguée par cet étranger qui lui plaît (ravissante Mégane Cottin). L’auteur et metteur en scène Sarkis Tcheumlekdjian a écrit et produit un petit bijou de conte théâtral où le “Il était une fois” engagé et tolérant aurait vocation à bercer tous les enfants du monde.

Claire Bonnot

"Le Chaperon Louche" de Sarkis Tcheumlekdjian, librement inspiré du Petit Chaperon Rouge,

Durée : 55 minutes