"Cyrano" d’après Edmond Rostand par Bastien Ossart : Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens…

À voir si : vous avez le cœur léger et passionné

Jusqu’au 12 décembre 2019
au Théâtre Le Funambule Montmartre

© Filipe Roque

© Filipe Roque


"Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…En variant le ton, – par exemple, tenez"

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand


Très inventif tour de force que cette adaptation du « Cyrano » de Rostand jouée par trois comédiennes changeant de masque au gré des scènes. Une vraie démonstration de jeu et une vraie proposition théâtrale qui convoquent aisément la magie…

La scène est uniquement éclairée à la bougie, les comédiennes fardées ou masquées, la gestuelle élégamment exagérée. La féérie fait déjà effet…

Misant sur un spectacle intimiste et ultra-théâtral, le metteur en scène Bastien Ossart rend un hommage fiévreux au pouvoir des planches et, par là-même, à la verve d’un Cyrano, aussi pudique que tonitruant.
— Apartés

La magie du spectacle



Misant sur un spectacle intimiste et ultra-théâtral, le metteur en scène Bastien Ossart rend un hommage fiévreux au pouvoir des planches et, par là-même, à la verve d’un Cyrano, aussi pudique que tonitruant. Les scènes s’enchaînent comme par magie, envoûtant par leur ingéniosité car seulement portées par trois interprètes féminines jouant masquées ou simplement fardées : là, le grossier Montfleury, ici, le Christian gracieux. L’ensemble, simple et esthétique, nous emporte aisément dans la salle de l’Hôtel de Bourgogne ou sur une place de ville ou de village du XVIIème siècle habitué au passage des troupes ambulantes. Il y en a pour les yeux et le cœur, la commedia dell’arte jouant sa fascinante partition dans des masques aussi inquiétants qu’hilarants et la plume de Rostand touchant au plus juste dans ce ballet incessant d’adresses au public, de trouvailles scéniques et de changements d’interprètes. Chacune des scènes est une petite pépite de mise en scène et offrent de redécouvrir l’histoire désormais intemporelle du poète batailleur et volontiers théâtral qui se trouvait trop laid pour être aimé. Le spectateur se délecte de chaque tableau formant presque une pièce à part entière, oscillant entre le théâtre classique, l’influence du théâtre nô, le théâtre baroque, la commedia dell’arte et quelques touches contemporaines. Seul petit bémol : l’émotion peine à monter en intensité face à ces successions d’univers mais orchestrent toutefois une ode merveilleuse à la magie du spectacle…

La maestria des saltimbanques

Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens, qui arrivent, Les comédiens ont installé leurs tréteaux, Ils ont dressé leur estrade, Et tendu des calicots… Aznavour pourrait chanter la sérénade à ce spectacle. Toute cette intrigante et attirante atmosphère à la Capitaine Fracasse est là et fascine le spectateur avide de beautés simples que nous sommes. Trois impressionnantes artistes font vivre avec grand panache le destin du plus beau nez du théâtre français. La beauté, c’est de faire revêtir différentes identités et différents corps à un même costume, celui de Cyrano, celui de Christian, celui de Roxane via Iana-Serena de Freitas, Lucie Delpierre et Marjorie Larquier (vue ce soir-là mais en alternance avec Nataly Florez). La beauté, c’est d’admirer leur jeu chorégraphié, superbement déclamé, frémissant ou hilarant, à la manière du théâtre baroque ou de la tradition orientale. La maestria, c’est de ne plus distinguer les genres, trois femmes jouant aussi bien des hommes que des femmes. Fascinant !

Claire Bonnot

"Cyrano" d’après Edmond Rostand par Bastien Ossart par la compagnie Le Théâtre Les Pieds Nus

Au Théâtre Funambule Montmartre,
53 rue des Saules,
75018 Paris

Durée : 1h40