"Kamuyot" de Ohad Naharin par la Compagnie Grenade de Josette Baïz : danser à corps perdu

À voir si : vous avez le cœur léger et passionné

Du 12 au 18 octobre 2019
au Théâtre de Chaillot

© Ballini

© Ballini


“J’ai été enthousiasmée par la dynamique, la fraîcheur, la technicité, la folie et l’inventivité de son langage chorégraphique multipliant les rebondissements, les changements de rythmes, de musiques, de groupes chorégraphiques et l’interactivité constante avec le public aboutissant à un échange festif.”

Josette Baïz à propos de Kamuyot de Ohad Naharin


Sur une scène ouverte façon gradins de collèges américains, la chorégraphe française Josette Baïz opère un ballet d’une fougue et d’une folie contagieuses. Ses jeunes danseurs de la Compagnie Grenade dansent à corps perdu la création explosive de Ohad Naharin.

L’excitation était palpable au début du spectacle et différente de celle ressentie avant une pièce de théâtre. Sagement assis tout autour de la scène, le public attendait de voir des corps s’ébrouer, bouger puis danser. Déjà, l’échange se dessinait dans cette attente. Et voilà que les danseurs prennent la scène d’assaut depuis les petits bancs du premier rang où ils ont pris place à côté des spectateurs impatients…

« Dansez, sinon nous sommes perdus »

Cette citation de Pina Bausch, immense chorégraphe contemporaine, nous vient en tête à la vue de ces quatorze danseurs désarticulés, habités, complètement fous-fous et suivant un parcours finement chorégraphié. Une urgence surgit de cette chorégraphie intense, non pas angoissante mais purement vivifiante. Dans ces gestes précis et mouvants, ondulants et saccadés, classiques et pop, c’est une grande allégresse qui explose ! Josette Baïz a créé sa Compagnie professionnelle Grenade à Aix-en-Provence en 1998 dans une optique d’enrichissement constant en techniques et inspirations chorégraphiques, traçant une danse multiple puissamment libératrice. C’est ainsi que sa rencontre avec Ohad Naharin est apparue décisive : le danseur et choréraphe israëlien, directeur artistique de la Batsheva, a une même conception de la danse avec les jeunes, comme l’explique Josette Baïz : « l’envie de les ouvrir à une danse fluide et puissante, révéler leurs personnalités, leurs potentiels créatifs et enfin pousser leurs qualités techniques au maximum ». Créée en 2003 pour la Batsheva, Kamuyot est ici reprise par la jeune compagnie aixoise avec une fougue, un abandon et une technicité qui impressionnent.

Une danse cure de jouvence

L’enchaînement des musiques pop, B.O de séries cultes et mélodies classiques, la fraîcheur de l’interprétation et des danseurs, la dynamique des chorégraphies, les changements soudains de rythme, l’émotion des échanges avec le public, les regards, les silences, l’ironie, les cris (là d’un loup, ici d’un prénom) … tout concourt dans ce ballet détonant à exprimer sa liberté dansée à corps perdu. Chacune des personnalités se découvre alors, dans la sensualité éthérée d’un danseur, le chaloupé habité d’une danseuse, les sauts puissants d’un jeune loup athlétique. La touche Josette Baïz à son acmé ou la danse dans toute sa splendeur : créativité, liberté, vitalité !

Claire Bonnot

"Kamuyot" de Ohad Naharin par la Cie Grenade de Josette Baïz

au Théâtre de Chaillot
1, Place du Trocadéro
75016 Paris

Durée : 50 minutes