"Le Cirque invisible" de et avec Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée : au pays du quotidien réenchanté

À voir : si vous avez le coeur léger et passionné

Du 15 au 27 novembre 2016
au Théâtre du Rond-Point


"Un miracle, un autre. Quelle soirée !"
"Voici un poisson invisible. Où est-ce qu'il est ?"

Jean-Baptiste Thierrée dans "Le Cirque Invisible" de et avec Victoria Chaplin


Les parents de James Thierrée, Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin, nous emportent aux confins de la féérie et de l'humour tendre avec leur charmant « Cirque invisible ». Ou quand l'imagination prolifique de deux grands artistes réveillent puissamment notre âme d'enfant.

Comme si nous étions installés autour de la piste d'un cirque, le premier numéro démarre par le traditionnel rond de lumière. C'est le clown Jean-Baptiste Thierrée qui commence par faire rire le public, rayonnant de plusieurs rires d'enfants. Ses jolis cheveux blancs bouclés, ses grands yeux bleus tout ronds et son humour intelligent nous vont droit au coeur.

Des numéros d'une merveilleuse finesse

Voilà trente ans que ce ravissant duo émerveille les spectateurs : après « Le Cirque Bonjour » équipé de fauves, d'un orchestre et d'une quarantaine d'artistes puis « Le Cirque Imaginaire » interprété avec leurs enfants, James (Thierrée) et Aurélia, le couple d'artistes convoque désormais la magie à deux et avec de multiples tours de féérie. « Le Cirque invisible » porte bien son nom tant les numéros qui se succèdent sont d'une finesse et d'une pudeur incroyables. Ils réveillent nos âmes d'enfants, trop souvent endormies, enfermées à double tour, bien enfouies... Chaque numéro ravive un peu plus cette capacité d'émerveillement et ouvre nos coeurs et nos esprits à l'enchantement. Spectacle sans paroles, tout est dit au travers des silences, des clins d'oeils et des gestes précis : on aime à entendre le facétieux Jean-Baptiste Thierrée accompagner ses tours de petits « Hops » ou de regards malicieux. Souvent armé d'une immense valise de laquelle il extirpe autant de merveilles qu'une Mary Poppins, le clown aux cheveux blancs a l'humour tendre et intelligent. Un lever de soleil ? Le voilà, dit-il, montant d'un seul bras un rond jaune en carton. Un opéra ? Le voilà en Arlequin armé de marionnettes pour jambières et le choeur est paré à chanter. De l'air frais ? Il lui suffit de bouger la tête et de garder l'éventail à la main. Les situations aussi absurdes les unes que les autres s'enchaînent avec une infinie malice, convoquant petits et grands à ce cirque nouveau. Car la grande maestria de ce cirque-là est de parvenir à faire ressortir la poésie du quotidien avec ses touts petits riens qui font tout. Et Victoria Chaplin le sait bien, elle qui, virtuose du déguisement, passe d'une élégante en robe de velours vert à un effrayant crocodile à la gueule grande ouverte, d'une geisha aux parapluies à un paon japonisant à la queue fleurie ou d'une table dressée pour le thé à un élégant cheval traînant son carrosse. Le spectacle est total et maintient tous nos sens en alerte. Du grand cirque, celui qui donne aux clowns et aux artistes la possibilité de nous faire rire et de nous faire pleurer, comme un funambule toujours prêt à tomber ou... se rattraper !

© Brigitte Enguerand

avec deux artistes à la générosité infinie

La beauté de ce duo est de les voir enchaîner leurs numéros en approfondissant à chaque fois un peu plus leur univers bien à eux. Des clowneries espiègles et émouvantes du grand clown aux yeux bleux aux créatures chimériques de la belle contorsionniste aux longs cheveux noirs, l'enchantement est total. Victoria Chaplin a la grâce et le goût de la perfection de son père, Charlie Chaplin : tourbillonnant dans ses créations stylistiques incroyables, ses longs cheveux noirs l'accompagnant dans une ronde presque irréelle, elle ne cesse de donner le frisson. Ses costumes transformants créent des images superbes, nous transportant souvent dans un conte mythologique où les animaux conquérants ou les mammifères marins auraient des pouvoirs de fascination puissants. Victoria Chaplin fascine et pourrait bien être une petite fée qui transforme tout ce qu'elle touche en grande beauté. Jean-Baptiste Thierrée a tout du poète qui se fait drôle pour charmer. Ses tours, plus charmants les uns que les autres, font si bien travailler notre imaginaire, notre intelligence et notre capacité à la justesse qu'on se demande bien ce qu'il peut encore inventer et qu'on a bien du mal à le quitter. Et eux aussi d'ailleurs ne parviennent pas à nous quitter puisqu'ils réservent au public un final incroyablement généreux. Un joli rêve éveillé !

Claire BONNOT

"Le Cirque invisible" de et avec Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin

au Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Du 16 au 27 novembre 2016
Durée : 1h30.